Numéro spécial: la société civile et les budgets en Inde

Cette édition spéciale se concentre sur l’analyse et l’activisme budgétaires d’organisations de la société civile (OSC) en Inde qui utilisent ce travail pour faire progresser leurs objectifs politiques et de développement. L’Inde est un des premiers pays dans lesquels les OSC ont commencé à rassembler des informations budgétaires du gouvernement pour renforcer leurs efforts militants en faveur de secteurs marginalisés, et berceau de l’un des premiers “groupes budgétaires” – OSC qui analysent, surveillent et cherchent à influer sur les budgets gouvernementaux pour améliorer les politiques, la prestation de services et les résultats.

Dans ce numéro, tu auras des informations sur la création de l’Initiative budgétaire du peuple “People’s Budget Initiative” et de l’Initiative sur la pratique budgétaire “Budget Praxis Initiative” pour augmenter le niveau de participation publique dans le processus budgétaire et porter le budget vers les gens; l’acquisition et la distribution de médicaments pour améliorer la qualité des services de santé à Maharashtra; l’utilisation et l’impact des évaluations communales des dépenses en santé; et l’importance de la production et diffusion de conclusions à partir de l’analyse budgétaire.

Le gouvernement de l’Inde offre un accès relativement bon à l’information sur son budget et activités financières durant le cycle budgétaire, et les citoyens utilisent les données pour avoir une incidence sur les politiques qui bénéficient aux secteurs moins privilégiés. Bien que ce numéro se concentre sur l’Inde, il présente des thèmes et des problèmes qui existent dans le monde entier, ainsi que des exemples et stratégies qui peuvent s’appliquer dans d’autres contextes. A la fin de chaque chapitre, tu trouveras l’email des auteurs pour obtenir davantage d’informations ou partager tes expériences sur ces questions. 

Efforts d’activisme de la société civile

Redéfinition de l’activisme budgétaire en Inde, par Gyana Ranjan Panda, Centre for Budget and Governance Accountability

Il faut porter le budget vers les gens, par Prashant Raymus, Centre for Enquiry into Health and Allied Themes

Suivi budgétaire pour le droit à la santé

Suivi de l’acquisition et la distribution de médicaments dans l’Etat de Maharashtra, par Nilangi Nanal, SATHI Action Center Anusandhan Trust

Ma santé, mon argent: introduction de l’évaluation communautaire de la santé, par Moumita Ghosh, Centre for Health and Social Justice

Améliorer les services de santé pour les femmes à Bangalore, par Meena Nair, Public Affairs Centre

Analyse des budgets en faveur des plus pauvres et marginalisés

Dépenses élevées et résultats médiocres: une étude de moyen terme du plan quinquennal de développement du Radjasthan, par Nesar Ahmad, Budget Analysis Rajasthan Centre

Recouvrement manquant et impact sur les budgets du secteur social: le cas de l’Inde, par Ravi Duggal, International Budget Partnership

Atelier national sur la responsabilisation sociale, par Om Prakash Arya, Centre for Consumer Action, Research & Training

Annonces

Conférence Vers une agriculture durable: le chemin vers l’avenir au Radjahstan

Bulletin de “Publish What You Fund”

 


Redéfinition de l’activisme budgétaire en Inde, par Gyana Ranjan Panda, Centre for Budget and Governance Accountability

Ces dernières années, le Centre for Budget and Governance Accountability (CBGA) a implanté des stratégies innovantes avec des résultats prometteurs. En septembre 2009, le CBGA a commencé à utilisé des données du budget national 2009-2010 de l’Inde pour faire des calculs – des comparaisons entre les coûts estimés pour satisfaire les engagements du gouvernement dans différents secteurs avec les assignations budgétaires – concernant la santé, l’éducation, l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’habitat rural. Le Centre a utilisé ces calculs pour évaluer l’impact sur des groupes marginalisés et en situation de pauvreté comme les femmes et les enfants, les dalits (“scheduled castes”) et adivasis et des minorités. Les calculs se fondent sur les priorités politiques exprimées dans le 11ème Plan quinquennal de développement et dans le Manifeste du Congrès du parti au pouvoir en 2009. Le CBGA a partagé les résultats de son analyse avec les médias pour alerter la population sur les dépenses sociales du gouvernement.

Préoccupés par le peu d’attention que reçoivent les organisations de la société civile (OSC) durant le processus budgétaire, des OSC et des membres de mouvements populaires, des groupes de base, des organisations de développement nationales et internationales, des universitaires et des médias ont créé l’initiative budgétaire People’s Budget Initiative (PBI) en 2006 pour augmenter leur participation dans le processus budgétaire. En tant que secrétaire de PBI, le CBGA publie annuellement “People’s Charter of Demands,” dans laquelle il mentionne les priorités budgétaires de la société civile et une analyse des engagements gouvernementaux.

Nous présentons ci-dessous quelques exemples du type d’analyses réalisées par PBI. Par exemple, le gouvernement a promis dans le Manifeste du Congrès d’établir une école modèle dans chaque quartier du pays, avec une école modèle supplémentaire dans chaque quartier les cinq années suivantes. Le coût total de cet engagement est de Rs 40,620 crore (1 crore = 10 millions de rupees). [1] Malheureusement, l’allocation de Rs 12,750 conformément au 11ème Plan quinquennal de développement n’est pas suffisante pour atteindre cet objectif. Cependant, la recherche du CBGA démontre que l’objectif de création de ces 6000 écoles modèles pourrait être atteint avec 10% de la perte totale de revenus due aux exemptions fiscales accordées par le gouvernement durant une année (environ Rs 41,809 crore pour 2008-2009).

Un autre exemple consiste Ă  rĂ©viser l’engagement pour que les services de dĂ©veloppement infantile soient accessibles Ă  tous Ă  travers le programme “Integrated Child Development Services” (ICDS) pour garantir la sĂ©curitĂ© nutritionnelle Ă  travers les centres Anganwadi (centres gouvernementaux pour enfants et mères) et offrir des aliments et une Ă©ducation prĂ©scolaire Ă  tous les enfants de moins de 6 ans avant 2012. Le programme fonctionne depuis 1975, mais les recherches montrent qu’environ 46% des enfants de moins de 3 ans ont un poids infĂ©rieur Ă  la normal, presque 80% des enfants entre 6 et 35 mois sont anĂ©miques et 57 enfants sur 1000 meurent avant d’atteindre un an (National Family Health Survey 2005-2006).  D’après le CBGA, faire en sorte que le programme ICDS soit disponible pour tous nĂ©cessitera un investissement d’environ Rs 43,355 – Rs 75,055 crore — chiffre bien supĂ©rieur Ă  l’allocation actuelle qui est de Rs 8,400 crore.

Comment atteindre les membres du parlement

Lors de ces deux dernières sessions budgétaires, le CBGA a intensifié son activisme législatif. En 2009-2010, le CBGA a expérimenté l’activisme de “porte à porte”, en discutant avec plus de 100 législateurs différents aspects du budget et des politiques publiques. Ces législateurs ratifient aussi la sollicitude de PBI d’organiser des consultations avec la société civile avant la formulation du budget.

En 2009, des MP de la chambre basse du Parlement en Inde (Lok Sabha) ont cité la réponse du CBGA au budget de l’Union (Response to the Union Budget, RUB) durant leur discussion sur des demandes d’aide de la part des ministères de l’agriculture, du développement des ressources humaines et du développement des femmes et des enfants. Les MP ont trouvé très utile l’analyse du CBGA surtout durant les débats législatifs et certains l’ont directement citée dans la discussion générale du budget 2010-2011.  En outre, les législateurs ont montré un intérêt certain pour la recherche du CBGA, comme on a pu le constater dans les questions qui ont été posées durant les heures de questions au sein des Lok Sabha et Rajya Sabha (respectivement la chambre basse et la chambre haute du Parlement en Inde). Le CBGA a également partagé son analyse du budget 2010-2011 avec des représentants de différents partis politiques nationaux et régionaux, dont le Parti communiste d’Inde (marxiste) et le Biju Janata Dal.

Activisme avec les médias: un grand pas en avant

Le  CBGA a fait un grand pas en avant dans ses efforts militants avec la presse écrite et électronique dans l’antichambre de la présentation du budget 2010-2011.  Le Times of India a publié une série en sept parties sous le titre Promises to Keep sur la base de l’analyse du CBGA pour “People’s Charter of Demands.”  Des journaux nationaux comme The Hindu, Economic Times, et Deccan Herald, et plusieurs revues d’actualité et économiques comme Frontline et Outlook Business ont également couvert des histoires en utilisant l’analyse budgétaire de l’organisation. En outre, certaines chaînes de télévision ont fait une grande couverture de l’analyse du CBGA ce qui a contribué aux efforts de l’organisation pour créer un lien entre les objectifs de développement du gouvernement et la qualité de vie des moins privilégiés.

[1] Une école modèle est conçue sur la base de lignes directrices établies par le système Kendriya Vidyalaya (école centrale) pour assurer des infrastructures adéquates et une éducation de qualité au niveau national.

Pour davantage d’informations, contacter Gyana Ranjan Panda [email protected].

 


Il faut porter le budget vers les gens, par Prashant Raymus, Centre for Enquiry into Health and Allied Themes

Le Centre for Enquiry into Health and Allied Themes (CEHAT) travaille sur les budgets de la santé, le financement et les questions de dépenses et a développé une base de données des dépenses publiques en santé depuis 1951 pour tous les Etats de l’Inde. Après avoir créé cette base de données et réalisé une analyse critique, l’étape suivante est de conduire ces informations vers les gens sous un format accessible et facile d’utilisation pour avoir une incidence sur le renforcement des services de santé à travers des investissements plus importants et efficaces de la part de l’Etat et d’autres agences publiques.

Les contacts du CEHAT avec des universitaires et militants ont permis de promouvoir l’efficacité du travail  budgétaire comme un outil d’incidence avec une large gamme d’organisations. La première étape a été de relier les motivations budgétaires à l’action de la société civile. Le CEHAT a mis à profit sa participation dans le Jan Swasthya Abhiyan (le chapitre hindou du mouvement pour la santé des gens) pour démontrer les ramifications de l’impact de l’incidence concernant les budgets publics.

Le Jan Arogya Abhiyan et la Campagne sur le droit à l’alimentation (Anna Adhikar Abhiyan) ont organisé une manifestation et un jeûne le soir de la présentation du budget à Maharashtra en mars 2003 réunissant 600 participants de tout l’Etat. Avant cela, le CEHAT et Jan Arogya Abhiyan ont organisé un symposium sur le droit à la santé et les budgets de santé et ont présenté une liste de demandes au chef ministériel et au ministre des finances. Au symposium ont assisté 80 militants de 50 organisations de tout Maharashtra qui ont discuté des points de base du budget de la santé et de comment comprendre et utiliser les budgets pour les activités militantes. A alors été développée une stratégie de campagne qui, finalement, a contribué au lancement de l’initiative budgétaire  Budget Praxis Initiative pour porter le budget vers les gens.

Développement de capacités

De 2004 à 2007, les exercices et ateliers pour le développement de capacités ont été organisés dans tout Maharashtra pour introduire les bases du processus budgétaire et discuter des dépenses sociales et de certains aspects techniques de l’analyse budgétaire avec l’objectif d’élargir les connaissances budgétaires des participants (c’est-à-dire, leur capacité à lire, comprendre et utiliser les budgets pour analyser et avoir une incidence sur les questions locales). Les ateliers régionaux ont commencé à se propager puisque les participants ont formé leurs collègues, créant un réseau important d’acteurs pour l’initiative d’activisme budgétaire. Les ateliers ont également aidé le CEHAT à améliorer ses efforts de formation et à s’adapter aux besoins des différents acteurs, ainsi qu’à démystifier le budget qui était perçu comme quelques chose de compliqué et d’ésotérique. Le réseau Budget Praxis Initiative compte désormais plus de 40 organisations de tout l’Etat.

Faciliter l’action

De 2007 à 2010 Budget Praxis Initiative a consolidé le réseau à Maharashtra. Ceci a été obtenu en orientant les groupes vers des applications spécifiques de l’analyse des budgets et en renforçant les capacités acquises lors d’ateliers préalables pour participer au processus budgétaires aux niveaux du district et de l’Etat.

Par exemple, le CEHAT a soutenu le groupe du district Amravati sur le thème des morts tribales et infantiles du fait de la malnutrition à Melghat. Le groupe avait réuni des informations pertinentes sur les morts infantiles et les conditions des installations de santé publique pour les inclure dans un témoignage qu’il prévoyait de présenter à la Cour suprême de Mumbai.  Le CEHAT a aidé à guider la collecte des informations qui ont servi pour que la Cour connaisse les conditions des installations publiques: comment elles fonctionnent, leurs budgets et l’utilisation de fonds pour le gouvernement de l’Etat. Ceci a été fait aussi pour répondre aux témoignages présentés par le gouvernement de l’Etat. La Cour a organisé les principaux secrétariats du gouvernement, les départements de santé publique, de développement tribal et de développement des femmes et enfants de Maharashtra pour former un groupe et faire une visite à Melghat afin de faire un rapport officiel sur la situation.

Expansion vers d’autres Etats

Le CEHAT a conduit Budget Praxis Initiative aux Etats de Madhya Pradesh et Orissa.  A Madhya Pradesh, le Sanket Centre for Budget Studies a reçu un atelier de deux jours pour approfondir sa compréhension de l’initiative budgétaire de district du CEHAT.  A Orissa, différents réseaux et centres de ressources comme le Réseau de responsabilisation sociale, Bharat Gyan Bigyan Samiti et Jan Swasthya Abhiyan ont senti que leur analyse au niveau étatique (surtout post-budget) n’était pas suffisante et ont décidé de consolider les efforts d’organisations de base en un front budgétaire de la société civile.

Le CEHAT organise une plateforme pour des groupes qui étudient différents aspects du budget au sein de laquelle des représentants de 100 organisations de l’Etat se réunissent pour discuter des problèmes du secteur de la santé à Orissa. Ils préparent également le “Charter of Demands on the Health Budget” pour guider leurs efforts d’incidence orientés vers le nouveau gouvernement de l’Etat.

La convention rappelle systématiquement au parti au pouvoir ses promesses réalisées durant les élections et a généré une prise de conscience parmi les politiques concernant les demandes des gens. A aussi été conclu que les efforts d’activisme budgétaire à travers des ateliers sont quelque chose d’essentiel.

En décembre 2009 est organisé un programme de formation pour des activistes de la société civile et les médias sur  “Health Budget Analysis at District Level Governance.”  Plus de 40 activistes de 14 districts de l’Etat d’Orissa ont participé à cet atelier, qui a fait partie d’un processus pour construire une coalition dynamique de la société civile connue comme “Orissa Budget Solidarity” pour exiger du gouvernement qu’il rende des comptes sur les besoins de développement des gens d’Orissa. Certaines des leçons apprises sont:

  • La planification de district et les budgets sont diffĂ©rents pour chaque Etat et ces diffĂ©rences doivent ĂŞtre comprises avant les ateliers.
  • Porter le budget vers les gens est un processus graduel.
  • Les budgets ne sont ni compliquĂ©s ni Ă©sotĂ©riques.
  • Les budgets sont publics et y avoir accès n’est pas si difficile.
  • Le travail sur les budgets requiert d’analyser tous les secteurs et de couvrir la large gamme de thèmes sociaux et de dĂ©veloppement.
  • Le manque d’informations budgĂ©taires dans un langage simple doit ĂŞtre rĂ©solu immĂ©diatement.
  • L’analyse et l’activisme budgĂ©taires sont des outils puissants avec le potentiel de rĂ©orienter des politiques et programmes s’ils sont utilisĂ©s de façon efficace.

Pour davantage d’informations, contacter Prashant Raymus [email protected] ou [email protected].

 


Suivi de l’acquisition et distribution de mĂ©dicaments dans l’Etat de Maharashtra, par Nilangi Nanal, SATHI – Action Center Anusandhan Trust

SATHI – Action Center Anusandhan Trust a Ă©tĂ© crĂ©e en 1998 pour construire le mouvement de “SantĂ© pour tous” Ă  travers des actions collectives et des recherches. Pour y parvenir, SATHI fait la promotion de la santĂ© comme un droit fondamental Ă  travers diffĂ©rentes activitĂ©s comme l’acquisition et la distribution de mĂ©dicaments dans l’Etat de Maharashtra.

Le manque de disponibilitĂ© de mĂ©dicaments de base dans les installations de santĂ© publique affecte sĂ©rieusement la qualitĂ© des services de santĂ© de Maharashtra. C’est une des principales raisons expliquant la faible utilisation du système de santĂ© publique. La 60ème Ă©dition de “National Sample Survey” (2004) a rĂ©uni des informations sur les dĂ©penses pour le traitement mĂ©dical de sĂ©jours hospitaliers. La part du total des dĂ©penses assignĂ©es Ă  des mĂ©dicaments est plus Ă©levĂ©e dans les installations de santĂ© publiques que dans les installations privĂ©es. Cependant, l’argent que les patients ont dĂ©pensĂ© de leur poche est plus Ă©levĂ© du fait du manque de mĂ©dicaments de base, ce qui indique une brèche dans l’achat et/ou l’offre de mĂ©dicaments.

SATHI a coordonnĂ© l’enquĂŞte Maharashtra Health Equity and Rights Watch in 10 districts of Maharashtra dans laquelle il prĂ©sente des informations sur des cas traitĂ©s en visites externes et des cas qui requièrent des hospitalisations pour 1659 logements (8373 personnes). Une section de l’enquĂŞte se concentre sur les perceptions des enquĂŞtĂ©s concernant la qualitĂ© des services de santĂ© offerts par le système de santĂ© publique. Plus de la moitiĂ© (55%) se sont plaints de la qualitĂ© et du manque de disponibilitĂ© de mĂ©dicaments dans les installations de santĂ© publiques, citant ce fait comme une des principales raisons pour laquelle ils ne sollicitent pas de traitement du système de santĂ© public.

Bien qu’il y ait peu de preuves du manque de disponibilitĂ© de mĂ©dicaments de base dans les installations, il existe une brèche de connaissance concernant le système d’acquisition de mĂ©dicaments, la chaĂ®ne d’offre et les assignations budgĂ©taires. SATHI coordonne une recherche pour comprendre le processus d’acquisition de mĂ©dicaments et la disponibilitĂ© en gĂ©nĂ©ral de mĂ©dicaments de base Ă  diffĂ©rents niveaux du système de santĂ© public rural Ă  Pune, district de Maharashtra.  La recherche examine:

  • les assignations budgĂ©taires pour mĂ©dicaments de base Ă  Maharashtra;
  • les systèmes de procuration et distribution de mĂ©dicaments de base sous l’angle des principales brèches, des goulots d’Ă©tranglement et des zones de retard; et
  • la disponibilitĂ© de mĂ©dicaments de base dans les principaux centres de santĂ© primaire “Primary Health Centers” (PHCs) conformĂ©ment a la loi.

L’Ă©tude couvre deux PHC de Pune qui est l’un des cinq districts dans lesquels a Ă©tĂ© implantĂ© le programme de suivi communautaire “community-based monitoring” (CBM) il y a trois ans. Le CBM pour les services de santĂ© est une stratĂ©gie essentielle du “National Rural Health Mission” (NRHM) pour assurer que les services arrivent aux bĂ©nĂ©ficiaires, surtout aux femmes et enfants dans les zones rurales. Le suivi communautaire est aussi un aspect important des actions communautaires dans le secteur santĂ© et permet de surveiller la disponibilitĂ© de mĂ©dicaments de base. Depuis 2007 ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s trois cycles de suivi et ils montrent que le système pour la distribution de mĂ©dicaments – de l’Etat au niveau PHC – ne fonctionne pas bien (c’est-Ă -dire, les mĂ©dicaments qui manquent dans un district se trouvent en abondance dans un autre).

A partir de ces rĂ©sultats, SATHI a dĂ©cidĂ© de se concentrer sur le suivi de l’acquisition et la distribution de mĂ©dicaments au niveau Ă©tatique, mais aussi parce que c’est ici que les fonctionnaires du dĂ©partement de santĂ© tendent Ă  rĂ©aliser des actes de corruption.  RĂ©cemment a Ă©tĂ© mis en lumière un scandale dans un des districts de Maharashtra qui a beaucoup attirĂ© l’attention des mĂ©dias. La mauvaise publicitĂ© a conduit le dĂ©partement de santĂ© “Procurement Cell of the Health Department” Ă  devenir plus prudent et rĂ©ticent Ă  donner n’importe quelle information. Les divers rapports d’irrĂ©gularitĂ©s financières dans le système d’acquisitions montrent comment les fonctionnaires publics crĂ©ent des obstacles durant le processus de collecte des informations pour retarder l’accès Ă  l’information. D’un point de vue positif, diriger le programme de NRHM Ă  Maharashtra a permis Ă  SATHI d’avoir un accès officiel aux informations au niveau du PHC.

La corruption dans l’acquisition de mĂ©dicaments a Ă©tĂ© discutĂ©e lors d’une session Ă  l’assemblĂ©e lĂ©gislative. Devant cela, le Ministre de la santĂ© a dĂ©clarĂ© que le système d’acquisitions sera rĂ©organisĂ©. L’acquisition de mĂ©dicaments et Ă©quipement se rĂ©alisera aux niveaux de l’Etat et du district et le gouvernement prĂ©voit d’Ă©tablir deux entrepĂ´ts au niveau Ă©tatique, huit au niveau rĂ©gional et 33 au niveau du district. Tous ces entrepĂ´ts seront connectĂ©s Ă  travers un inventaire en ligne. Le nouveau système d’acquisitions est en cours et il est prĂ©vu que le gouvernement fasse bientĂ´t connaĂ®tre le plan pour le mettre en route.

Pour davantage d’informations, contacter Nilangi Nanal [email protected].

 


Ma santĂ©, mon argent: introduction de l’Ă©valuation communautaire de la santĂ©, par Moumita Ghosh, Centre for Health and Social Justice

Le «Centre for Health and Social Justice» (CHSJ) en Inde a Ă©tabli sa crĂ©dibilitĂ© pour offrir soutien et supervision techniques aux systèmes de santĂ© de l’Etat et aux organisations de la sociĂ©tĂ© civile impliquĂ©es dans des actions communautaires dans le secteur santĂ©. Le CHSJ a dĂ©veloppĂ© avec succès et soutenu l’implantation de suivi communautaire dans le cadre du “National Rural Health Mission” (NRHM) comme un mĂ©canisme efficace de responsabilisation Ă  grande Ă©chelle.  L’institution fonctionne comme un centre national de ressources pour renforcer et motiver les communautĂ©s Ă  exiger leur droit Ă  la santĂ©. Jusqu’Ă  aujourd’hui, les communautĂ©s ont Ă©tĂ© exclues des processus de planification et assignation des ressources pour dĂ©terminer comment satisfaire leurs besoins immĂ©diats de santĂ© – sur la base de l’idĂ©e selon laquelle ils manquaient d’expĂ©rience et de la capacitĂ© nĂ©cessaires pour participer de manière efficace.  Cependant, les dĂ©boursements personnels Ă©levĂ©s pour avoir accès  aux services de santĂ© est quelque chose de commun en Inde et cela contribue aux niveaux Ă©levĂ©s de pauvretĂ© et au choix qui est fait parfois de ne pas rechercher les soins mĂ©dicaux appropriĂ©s.

Du 3 au 7 mars 2010, le CHSJ a coordonnĂ© l’atelier “Community Assessment of Health Expenditure” pour alerter les communautĂ©s sur l’impact important de dĂ©boursements personnels, les aider Ă  se concentrer sur leurs propres besoins de santĂ© et faciliter leur participation dans la planification communautaire. Les 11 participants de trois organisations pairs de trois Etats ont reçu des informations techniques pour initier le processus et obtenir de nouvelles perspectives sur comment travailler avec leurs communautĂ©s. Le programme incluait des sessions qui les ont aidĂ©s Ă  approfondir leur comprĂ©hension des aspects financiers des services de santĂ© et les dĂ©fis pour faciliter la participation communautaire dans le financement de la santĂ©. L’atelier combinait la thĂ©orie et la pratique et concluait avec un plan d’action dĂ©taillĂ© pour rĂ©aliser des Ă©valuations communautaires de santĂ© dans des districts spĂ©cifiques.

L’atelier rĂ©visait les schĂ©mas des dĂ©penses de santĂ© et l’utilisation de services de santĂ© en Inde et comprenait une introduction sur comment le NRHM — un des programmes de santĂ© les plus ambitieux du pays — a Ă©tĂ© conçu pour augmenter les assignations de santĂ© Ă  travers une perspective dĂ©centralisĂ©e de finances communales. Le NRHM Ă©tablit des normes pour des finances flexibles au niveau de la communautĂ© et des installations, ainsi que pour la planification locale. Il a Ă©galement introduit la planification dĂ©centralisĂ©e pour aider les corps locaux Ă  planifier conformĂ©ment Ă  leurs besoins de santĂ© immĂ©diats. Le programme a rapportĂ© que:

  • les dĂ©penses en santĂ© publique en Inde sont très limitĂ©es, autour de 1.1% du PIB,
  • des installations et services de santĂ© mal Ă©quipĂ©s gĂ©nèrent une faible utilisation,
  • les gens se voient obligĂ©s de faire des dĂ©boursements personnels pour couvrir leurs coĂ»ts de santĂ©,
  • l’accès aux services de santĂ© ne se dĂ©termine pas sur la base des besoins des gens; mais sur leur capacitĂ© de s’acquitter des coĂ»ts, et
  • une grande part de la population qui vit dans des conditions de pauvretĂ© ne dispose pas de services de santĂ© de qualitĂ©.

L’atelier a soulignĂ© l’importance de la participation active des communautĂ©s – et son impact dans les efforts pour rĂ©duire la charge financière des services de santĂ© et gĂ©nĂ©rer une demande de services de santĂ© gratuits. Une fois le contexte clarifiĂ©, la session a dĂ©crit pas Ă  pas le processus que doivent suivre les communautĂ©s pour Ă©valuer les coĂ»ts formels et informels de santĂ© et relier la santĂ© aux fonds publics. L’objectif Ă©tait d’impliquer les participants dans la planification et l’implantation des ressources de santĂ©.

Cartographie des dépenses: une méthodologie participative pour initier des évaluations de la communauté sur les dépenses de santé

La cartographie des dĂ©penses peut ĂŞtre utilisĂ©e pour diffuser des informations sur l’impact d’une maladie, la prestation de services et des patrons d’utilisation, ainsi que pour estimer les dĂ©penses en santĂ© dans un village en particulier. Les reprĂ©sentants communautaires, les paysans et les prestataires de services sont les sources idĂ©ales d’informations pour un exercice de cette nature. A continuation, sont dĂ©crites les Ă©tapes pour le processus de collecte et diffusion des informations.

Etape 1: Cartographie de la localité – Les habitants de la localité identifient les logements, les institutions de santé et la présence de différentes maladies. La carte est un point de référence pour comprendre les antécédents socioéconomiques des foyers et des fournisseurs et identifier les expériences récentes avec les services de santé.

Etape 2: Faire la liste et prioriser les maladies sur la base de diffĂ©rents critères – L’Ă©tape suivante consiste Ă  faire la liste des maladies qui affectent ou ont affectĂ© la communautĂ© rĂ©cemment. Est rĂ©alisĂ©e une classification initiale sur la base de caractĂ©ristiques communes, du type de traitement, de la prĂ©fĂ©rence de fournisseur et des dĂ©penses effectuĂ©es. C’est important de prendre des dĂ©cisions conformĂ©ment Ă  la magnitude du problème pour Ă©viter d’avoir trop d’informations pouvant ĂŞtre difficiles Ă  organiser.

Etape 3: Matrice pour identifier les dĂ©penses et rĂ©fĂ©rences – Cette Ă©tape expose le coĂ»t des soins de santĂ© selon le fournisseur. Une matrice est prĂ©parĂ©e pour illustrer les maladies prĂ©sentes et les plus frĂ©quentes et une variĂ©tĂ© d’installations de santĂ©. C’est ici que la communautĂ© doit classer les installations conformĂ©ment Ă  la prĂ©fĂ©rence, Ă  la prioritĂ© et aux rĂ©fĂ©rences conjointement aux dĂ©penses rĂ©alisĂ©es Ă  diffĂ©rents niveaux. A la fin de l’exercice, la communautĂ© espère devenir plus consciente des diffĂ©rents types de problèmes de santĂ© et des coĂ»ts rĂ©alisĂ©s dans les diffĂ©rentes installations.

Etape 4: Entretiens approfondis pour Ă©tablissement du coĂ»t spĂ©cifique  – On prĂ©pare une liste complète de coĂ»ts directs et indirects pour l’exercice de cartographie pour garantir un registre complet des dĂ©penses et illustrer les coĂ»ts rĂ©els de l’apprentissage.

Consolidation des observations de terrain Ă  Assam

Le tableau montre certains des rĂ©sultats de l’exercice de cartographie dans les villes de Assam, un Etat du Nord-Ouest de l’Inde. Est surtout prĂ©occupant le niveau Ă©levĂ© des dĂ©penses de la part de familles pauvres et leur impact Ă©conomique. Bien que ces conclusions soient alarmantes, ils ont inspirĂ© Ă  la communautĂ© la dĂ©marche de poser des questions.

Charge de santé – fournisseur-variations spécifiques et coût total des soins de santé pour la famille

MaladieVille-niveau de gouvernement. Dispensaire Niveau du district  hôpital privé
PaludismeServicesCoût (Rs.)ServicesCoût (Rs.)
Enregistrement5Voyages1,200
Médicaments500Aliments plus médicaments13,000
Examens de laboratoire10Perte salariale pour 4 jours = 100 par jour400
Aliments500
Perte salariale pour 2 jours  = 100 par jour200
Total1,215Total14,600

Les centres de santĂ© primaire d’Assam n’Ă©taient Ă©quipĂ©s comme il se doit pour dispenser les services nĂ©cessaires. Ceci a forcĂ© les patients Ă  voyager sur de longues distances vers d’autres installations et dĂ©penser davantage d’argent. Les coĂ»ts directs d’un accouchement normal peuvent ĂŞtre attribuĂ©s Ă  l’institution choisie et peuvent varier entre Rs 3,000 et Rs 10,000, cela dĂ©pend de si la clinique est publique et privĂ©e. La plupart des fois l’achat de mĂ©dicaments et autres coĂ»ts indirects finissent par reprĂ©senter des dĂ©penses personnelles et les habitants locaux les couvrent en souscrivant des prĂŞts Ă  intĂ©rĂŞts très Ă©levĂ©s (5-10% par mois) ou en vendant leurs biens.

Conclusions

  • La propriĂ©tĂ© communautaire du système de santĂ© public le rend plus fort. Cela amĂ©liore aussi la prestation de services et rĂ©duit les dĂ©penses personnelles des patients.
  • La cartographie des dĂ©penses en santĂ© est une mĂ©thode simple pour l’Ă©change et l’analyse d’informations dans la communautĂ©.
  • La cartographie promeut le renforcement communautaire et gĂ©nère une prise de conscience concernant la dimension financière de la santĂ©.
  • La combinaison de la thĂ©orie et des visites de terrain est essentielle pour anticiper les dĂ©fis dans tout processus communautaire.
  • Le suivi communautaire sous le NRHM doit inclure le suivi financier pour permettre aux personnes pauvres et marginalisĂ©s d’avoir accès Ă  leur droit Ă  la santĂ©.

Pour davantage d’informations, contacter Moumita Ghosh Ă  [email protected].

 


Améliorer les services de santé pour les femmes à Bangalore, par Meena Nair, Public Affairs Centre

Le Public Affairs Centre (PAC) de Bangalore travaille pour amĂ©liorer la qualitĂ© de la gouvernance en Inde dans des secteurs dans lesquels les citoyens et les organisations de la sociĂ©tĂ© civile (OSC) jouent un rĂ´le proactif pour amĂ©liorer la gouvernance. Le Centre est connu mondialement car est pionnier dans la crĂ©ation de fiches citoyennes “Citizen Report Cards”  (CRCs) – Ă©tudes d’Ă©valuation pour amĂ©liorer les services publics.

Le projet PAC, Monitoring Expenditure and Outcomes to Improve Health Services for Urban Poor Women, Ă  Bangalore cherche Ă :

  • surveiller la qualitĂ© de la prestation de services et les dĂ©penses, ainsi que les rĂ©sultats dans certains centres de maternitĂ© administrĂ©s et opĂ©rĂ©s par le Bruhat Bengaluru Mahanagara Palike, et
  • implanter des interventions de suivi public des dĂ©penses “public expenditure tracking” (PET) dans trois centres de maternitĂ©.

En plus des interventions PET, il y aura une enquĂŞte suivant la perspective CRC et les fiches citoyennes pour Ă©tudier la qualitĂ© des services existants. L’enquĂŞte sera rĂ©alisĂ©e en collaboration avec des ONG locales avec une forte prĂ©sente au niveau des bases avec leur travail communautaire sur la santĂ© et autres thèmes de services publics. Ceci encouragera la capacitĂ© des groupes communautaires qui travaillent sur des thèmes de santĂ© pour participer avec des gouvernements locaux et leur exiger de rendre des comptes sur les finances de l’Etat et les services publics.

Le projet est dirigĂ© au personnel de centres de maternitĂ© et groupes communautaires qui sont les bĂ©nĂ©ficiaires des services Ă  travers la promotion leur droit Ă  l’accès aux installations de santĂ©. Le PAC utilisera Ă©galement les conclusions pour dĂ©velopper leur capacitĂ© organisationnel et la capacitĂ© d’autres OSC pour rĂ©aliser ces exercices.

Pour davantage d’informations, contacter Meena Nair [email protected].

 


Dépenses élevées et résultats médiocres: une étude de moyen terme du plan quinquennal de développement du Radjahstan, par Nesar Ahmad, Budget Analysis Rajastan Centre

BasĂ© Ă  Jaipur, en Inde, le Budget Analysis Rajasthan Centre (BARC) est un groupe d’analyse et militantisme budgĂ©taires dans l’Etat du Radjahstan qui travaille aux niveaux Ă©tatique et local. Le BARC a rĂ©alisĂ© rĂ©cemment une Ă©tude de moyen terme sur le onzième plan quinquennal du Radjahstan (2007-2012) pour Ă©valuer les progrès Ă  la fin de la troisième annĂ©e d’implantation du plan (2009-2010) dans lequel sont identifiĂ©s des objectifs d’infrastructure et de dĂ©veloppement comme:

  • rĂ©duire l’indice de mortalitĂ© infantile “Infant Mortality Rate” (IMR) et l’indice de mortalitĂ© maternelle “Maternal Mortality Rate” (MMR),
  • amĂ©liorer les niveaux nutritionnels des femmes et enfants,
  • amĂ©liorer les niveaux d’alphabĂ©tisation des hommes et des femmes,
  • rĂ©duire les niveaux de dĂ©sertion scolaire, et
  • rĂ©duire la brèche de genre dans l’Ă©ducation.

Cependant, à la fin de la troisième année ces objectifs semblent être en mauvaise voie pour se réaliser avant 2012.

  • Seuls 31 centres de santĂ© communautaires “Community Health Centers” (CHCs) ont Ă©tĂ© construits alors que l’objectif est fixĂ© Ă  138 CHCs.
  • Seuls 55 centres de santĂ© primaire “Primary Health Centers” (PHCs) ont Ă©tĂ© construits alors que l’objectif est fixĂ© Ă  255 PHCs.
  • En 2008, l’IMR de l’Etat Ă©tait de 63 alors que l’objectif est fixĂ© Ă  32.
  • En 2009 le MMR Ă©tait de 388 alors que l’objectif Ă©tait fixĂ© Ă  148.
  • Le pourcentage de prestation de services institutionnelle atteignait Ă  peine 45% alors que l’objectif Ă©tait fixĂ© Ă  70% pour la durĂ©e totale du plan.

L’information du dĂ©partement de planification de l’Etat suggère que durant les deux premières annĂ©es (de 2007 a 2009) du plan, le gouvernement a dĂ©pensĂ© toutes les ressources assignĂ©es sous les plans annuels. Cependant, le BARC a dĂ©couvert que les facteurs sociaux essentiels comme le dĂ©veloppement tribal, le dĂ©veloppement des femmes et enfants, et le dĂ©veloppement des SC/ST/OBCs ou castes demeurent en situation de marginalisation sociale et Ă©conomique, avec des dĂ©penses sociales diminuant en passant sous les 100% et dans certains cas sous les 90% des assignations revues pour ces stratĂ©gies. L’assignation pour la “National Nutrition Mission” (sous le programme de dĂ©veloppement des femmes et enfants) n’est toujours pas dĂ©pensĂ©e, trois ans après l’entrĂ©e en vigueur du plan.

D’après des donnĂ©es rĂ©centes du dĂ©partement de planification du gouvernement de l’Etat en janvier 2010, les dĂ©penses rĂ©elles sous le plan ne reprĂ©sentaient qu’environ 65% du total des assignations rĂ©visĂ©es. Cependant, ceci est du surtout aux Ă©lections organisĂ©es l’annĂ©e dernière, puisque dans les pĂ©riodes Ă©lectorales est imposĂ© un code de conduite qui interdit la crĂ©ation de nouvelles initiatives et de programmes gouvernementaux. [1]

Dépenses sous-exécutées dans les sous-plan tribaux et de castes

Le BARC a Ă©galement identifiĂ© la diminution des assignations et dĂ©penses sous les sous-plans pour les castes et tribus “Scheduled Castes and Tribes” (SCs et STs).  La commission de planification de l’Inde a publiĂ© des lignes directrices pour les ministères du gouvernement et tous les gouvernements de l’Etat pour assurer que les assignations pour le dĂ©veloppement des SCs et STs soient proportionnelles Ă  leur taille dans la population totale de l’Etat. Celles-ci sont dĂ©nommĂ©es Tribal SubPlans (TSP) et Scheduled Caste SubPlans (SC-SP).  Dans la majoritĂ© des cas, les gouvernements Ă©tatiques n’ont pas assignĂ© les quantitĂ©s requises lĂ©galement. Par exemple, la part des communautĂ©s tribales dans l’Etat du Radjahstan est de 12% et celle des Scs est de 17%. Mais le BARC a dĂ©couvert que le gouvernement n’allouait pas plus de 4 ou 5% du total du plan pour l’Etat pour les TSP et moins de 2% pour les SC-SP.  Le dĂ©partement de la planification de l’Etat dĂ©clare que les dĂ©penses sont satisfaisantes et suffisantes assumant que les dĂ©penses rĂ©alisĂ©es par les divers dĂ©partements parviennent automatiquement aux tribus et castes. Tous les dĂ©partements de l’Etat doivent normalement publier des catĂ©gories budgĂ©taires de donnĂ©es dĂ©sagrĂ©gĂ©es connues Ă©galement comme Minor Heads pour ces deux sous-plans, ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait dans bon nombre d’entre eux. L’analyse de BARC repose sur les assignations rĂ©alisĂ©es sous les “Minor Heads” spĂ©ciales.

La rĂ©ponse de BARC au budget de l’Etat: incidence avec les membres de l’assemblĂ©e lĂ©gislative

Le mois de mars dernier, le gouvernement a prĂ©sentĂ© son budget annuel 2010-2011 Ă  l’assemblĂ©e lĂ©gislative de l’Etat. Le BARC a partagĂ© son analyse budgĂ©taire avec le principal journal de l’Etat qui l’a publiĂ©e le jour suivant. Le BARC a Ă©galement partagĂ© ses rapports d’analyse sectorielle du budget de l’Etat avec des membres de l’assemblĂ©e lĂ©gislative “members of the legislative assembly” (MLAs), qui les ont utilisĂ©s pour le dĂ©bat Ă  l’assemblĂ©e. Sur la base de ces rapports, le gouvernement a changĂ© les critères de sĂ©lection pour Sambal Gram Yojna, un programme conçu pour augmenter les installation d’infrastructures dans les groupements humains oĂą plus de 40% de la population appartiennent aux SCs. [2]  Le nombre de groupements humains dans lesquels peut ĂŞtre implantĂ© ce programme est passĂ© de 2,463 Ă  4,110. Cependant, le budget pour 2010-2011 n’a assignĂ© suffisamment d’argent que pour 80 groupements humains (tout comme l’annĂ©e d’avant), ce qui ne couvre que 2% Ă  peine du total des groupements Ă©ligibles. Le BARC a parlĂ© de la sous-exĂ©cution sous les sous-plans tribaux et de castes au sein de l’assemblĂ©e lĂ©gislative. En rĂ©ponse, le gouvernement a promis qu’au dĂ©but de l’annĂ©e prochaine tous les dĂ©partements publieront les catĂ©gories des Minor Heads et qu’il y aura une meilleure information disponible.

Les efforts du BARC en collaboration avec d’autres ONG et organisations populaires pour diffuser sa recherche et son analyse aux mĂ©dias, Ă  la sociĂ©tĂ© civile et aux fonctionnaires Ă©lus ont permis d’amĂ©liorer le niveau d’information des discussions budgĂ©taires au sein de l’assemblĂ©e lĂ©gislative. Si le gouvernement remplit sa promesse d’ouvrir les catĂ©gories d’informations “Minor Heads” pour STP et SC-SP dans tous les dĂ©partements, ceci amĂ©liorera la qualitĂ© des informations dans les assignations et dĂ©penses rĂ©alisĂ©es sous les sous-plans, crĂ©ant des opportunitĂ©s effectives d’activisme pour augmenter les assignations et dĂ©penses.

Pour davantage d’informations, aller sur www.barcjaipur.org ou contacter [email protected].

[1] La Commission Ă©lectorale de l’Inde impose un « code de conduite » aux gouvernement national et Ă©tatiques durant les Ă©lections pour assurer un processus Ă©quitable et qui restreint le dĂ©but de nouveaux projets gouvernementaux pouvant influencer l’Ă©lectorat en faveur du parti(s) au pouvoir.

[2] Les castes ou dalits reprĂ©sentent la strate la plus humble du système de castes de l’Inde et la Constitution de l’Inde les identifie comme des groupes pour lesquels le gouvernement doit appliquer des mesures spĂ©ciales pour garantir leur dĂ©veloppement et leur bien-ĂŞtre.


Recouvrement manquant et impact sur les budgets du secteur social: le cas de l’Inde, par Ravi Duggal, International Budget Partnership

L’analyse budgĂ©taire se concentre gĂ©nĂ©ralement sur les dĂ©penses du budget laissant de cĂ´tĂ© la part des revenus (exceptĂ© peut-ĂŞtre quand l’Ă©conomie d’un pays tourne autour des revenus issus du pĂ©trole, du gaz, des minĂ©raux et autres revenus liĂ©s au secteur extractif). Bien que les impĂ´ts attirent quelque peu l’attention quand surgissent des questions sur la rĂ©duction ou l’augmentation des taux d’imposition, la composition, le caractère, la nature des revenus ne sont souvent que peu Ă©tudiĂ©s. De sorte que les revenus qui ne sont pas collectĂ©s ou sont exemptĂ©s Ă  travers des rĂ©ductions fiscales et des thèmes comme l’Ă©quitĂ© de l’impact des revenus sont ignorĂ©s de l’analyse budgĂ©taire traditionnelle. Il est temps de changer de direction et donner plus de poids aux revenus du budget puisque les dĂ©penses ne peuvent avoir lieu que quand il y a des fonds suffisants.

Dans les pays de l’Organisation pour la coopĂ©ration et le dĂ©veloppement Ă©conomiques, ainsi que dans divers pays d’Ă©conomies Ă©mergentes oĂą la relation entre l’impĂ´t fiscal et le PIB varie entre 30 et 50%,  nous observons une plus grande responsabilisation dans la gouvernance et des dĂ©penses plus Ă©levĂ©es dans les secteurs sociaux et du bien-ĂŞtre. Ceci est possible grâce Ă  des revenus suffisants – spĂ©cialement ceux gĂ©nĂ©rĂ©s par les impĂ´ts – mais aussi du fait de la large base fiscale, d’un meilleur respect fiscal et de dĂ©penses fiscales minimes, c’est-Ă -dire des exemptions fiscales Ă  certaines activitĂ©s, comme des impĂ´ts sur la propriĂ©tĂ© rĂ©duits pour des entreprises situĂ©es dans des zones Ă©conomiquement marginalisĂ©es. Dans la majoritĂ© des pays en voies de dĂ©veloppement c’est le contraire qui arrive, c’est-Ă -dire que le prĂ©lèvement d’impĂ´ts est minime comparativement au PIB, qu’il y a une base fiscale biaisĂ©e, un faible respect fiscal, une grande Ă©vasion fiscale, des dĂ©penses et des motivations fiscales Ă©levĂ©es), ce qui conduit Ă  des dĂ©penses sociales insuffisantes. En 2005, la moyenne des revenus fiscaux en relation avec le PIB dans le monde dĂ©veloppĂ© Ă©tait d’approximativement 35%. Dans les pays en voies de dĂ©veloppement elle Ă©tait d’environ 15% et dans les pays les plus pauvres, le revenu fiscal ne reprĂ©sentait que 12% du PIB. La combinaison de l’Ă©vasion fiscale et des dĂ©penses fiscales est la principale restriction Ă  l’augmentation des revenus dans le monde en voies de dĂ©veloppement.

Finalement, il y a l’impact de l’Ă©vasion fiscale dans les pays en voies de dĂ©veloppement. L’Ă©vasion de la part des entreprises peut avoir lieu Ă  travers la distorsion ou le transfert de prix, qui conduisent Ă  des importations sur-Ă©valuĂ©es et Ă  des exportations sous-Ă©valuĂ©es dans les nations en voies de dĂ©veloppement. Ceci rĂ©oriente les revenus vers des pays accueillant des corporations multinationales qui utilisent ces tactiques et avec celles-ci rĂ©duisent les revenus dans les pays en voies de dĂ©veloppement. Finalement, il existe des paradis fiscaux dans des pays dĂ©veloppĂ©s et en voies de dĂ©veloppement qui reprĂ©sentent des pertes de revenus pour l’Etat.

Le cas de l’Inde

Bien qu’il s’agisse d’une Ă©conomie en croissance rapide, l’Inde a les caractĂ©ristiques de revenus de nombreux pays en voies de dĂ©veloppement. La relation entre les revenus fiscaux et le PIB est de 17%. Ce qui n’est pas suffisant pour financer les budgets du secteur social, spĂ©cialement Ă  la lumière des engagements de l’Inde concernant les droits Ă©conomiques, sociaux et culturels (DESC) devant garantir l’accès universel Ă  l’Ă©ducation, la santĂ©, le logement et la sĂ©curitĂ© sociale.

Pourquoi le gouvernement de l’Inde Ă©choue-t-il avec la collecte des revenus fiscaux?

  • PrĂ©lèvement fiscal laxiste – Ne sont pas prises les mesures suffisantes pour maximiser les prĂ©lèvements fiscaux. Les petites entreprises et de nombreux individus ou entitĂ©s impliquĂ©es dans des activitĂ©s sans enregistrement ou mĂŞme illĂ©gales Ă©vitent totalement de payer des impĂ´ts. Il est estimĂ© qu’en Inde l’Ă©conomie informelle reprĂ©sente au moins entre 60 et 150% de l’Ă©conomie formelle. Si les revenus de ce secteur Ă©taient collectĂ©s Ă  travers une administration fiscale efficace, seraient gĂ©nĂ©rĂ©s au moins 50% de plus de revenus fiscaux.
  • Pratiques de corruption – Les fonctionnaires fiscaux, les inspecteurs et collecteurs des douanes facilitent gĂ©nĂ©ralement les pratiques d’Ă©vasion de la part d’entreprises ou individus avec des connexions de haut niveau. (On estime que l’Ă©quivalent du PIB annuel de l’Inde se trouve dans des comptes suisses et que l’argent appartient Ă  l’Ă©lite politique et entrepreneuriale de l’Inde). Ceci gĂ©nère de grandes pertes pour l’Etat.
  • DĂ©penses fiscales – Les processus de prise de dĂ©cisions et politiques fiscales promeuvent des concessions dans les impĂ´ts pour certaines personnes ou entreprises. Le budget 2010-2011 estime que l’impact des revenus des dĂ©penses fiscales pour le gouvernement central est de 85% du total des revenus fiscaux pour 2009-2010, tendance qui va en augmentant (voir tableau). Avec cela est Ă©liminĂ© la possibilitĂ© de duplication des prĂ©lèvements fiscaux dans la majoritĂ© de ces dĂ©penses fiscales – spĂ©cialement ceux liĂ©s aux activitĂ©s commerciales.
  • Subsides qui ne sont pas dĂ©clarĂ©s comme dĂ©penses fiscales  – Les organisations enregistrĂ©es comme Trusts sous l’acte “Public Trusts Act” sont exemptĂ©es de payements fiscaux. Un grand nombre d’institutions Ă©ducatives privĂ©es, d’hĂ´pitaux, d’institutions religieuses et autres opèrent comme “Trusts” et accumulent des excĂ©dents importants.  Il est supposĂ© que ces institutions participent Ă  des oeuvres de charitĂ© et offrent des bĂ©nĂ©fices sociaux mais en rĂ©alitĂ© la majoritĂ© ne le font pas – ce qui reprĂ©sente des pertes de revenus pour l’Etat.

Tableau: revenus passĂ©s (dĂ©penses fiscales) durant 2008-2009 et 2009-2010 du gouvernement central de l’Inde (les chiffres sont en INR crores [1 core = 10 millions])

Source: Budget du gouvernement de l’Inde 2010-11

Finalement, si la gestion fiscale de l’Inde Ă©tait plus efficace, disciplinĂ©e et Ă©thique et les dĂ©penses fiscales et autres subsides qui ne reprĂ©sentent pas de gains sociaux Ă©taient Ă©liminĂ©s, la relation du revenu fiscal de l’Inde avec le PIB dĂ©passerait très probablement les 35% (sans augmenter les taux d’imposition). Ceci permettrait d’avoir le « maximum disponible de ressources » pour atteindre les engagements liĂ©s aux DESC, surtout l’accès universel Ă  l’Ă©ducation scolaire et supĂ©rieure, la santĂ© et le logement.

Pour davantage d’informations, contacter Ravi Duggal [email protected].

 


Atelier national sur la responsabilisation sociale, par Om Prakash Arya, Centre for Consumer Action, Research & Training

Le mois de décembre passé, le Centre for Consumer Action, Research & Training (CUTS CART), un programme de CUTS Internacional et la Banque mondiale ont organisé un atelier de deux jours dénommé “Social Accountability in India: Moving from Mechanisms to Outcomes and Institutionalization in Large Scale Public Programmes” à Jaipur, en Inde.

L’atelier a rĂ©uni des politiques, des prestataires de services et des citoyens pour discuter des impacts d’interventions de responsabilisation sociale que des organisations de la sociĂ©tĂ© civile ont pilotĂ© dans des programmes publics comme Sarva Shiksha Abhiyan (SSA) — un programme qui promeut l’Ă©ducation universelle – et le “National Rural Employment Guarantee Scheme” (NREGS) pour dĂ©terminer leur potentiel pour ĂŞtre adoptĂ©es dans cette classe de programmes publics de grande Ă©chelle. L’atelier a couvert les programmes pilotes dans les provinces d’Andhra Pradesh, de Maharashtra et du Radjahstan et a inclus des prĂ©sentations sur comment institutionnaliser les outils de responsabilisation sociale.

Les organisations suivantes ont coordonné les trois interventions pilote de responsabilisation sociale.

Le programme pilote de “Yashwantrao Chavan Academy of Development Administration” recherchait une meilleure prestation de services et de meilleurs rĂ©sultats dans le dĂ©veloppement de la santĂ© dans le district de Satara et Maharashtra. La “Society for Elimination of Rural Poverty” cherchait Ă  amĂ©liorer les inscriptions scolaires et Ă  rĂ©duire l’absentĂ©isme des enseignants dans les districts de Nalgonda et Adilabad Ă  Andhra Pradesh. La Consumer Unity & Trust Society cherchait Ă  amĂ©liorer les rĂ©sultats des dĂ©penses publiques du NREGS dans le district de Sirohi au Radjahstan.

Les outils utilisĂ©s durant les interventions pilotes (c’est-Ă -dire les fiches citoyennes “Citizen Report Card”, les indices communautaires “Community Score Card” (CSC), les audits sociaux, le suivi communautaire, etc.) illustrent le fait qu’un petit investissement dans des outils de responsabilisation sociale peuvent catalyser des rĂ©sultats pour le dĂ©veloppement. Par exemple, le budget de 2007–2008 a assignĂ© Rs 757 millions au NREGS, et le coĂ»t de l’intervention de responsabilisation sociale de CUTS Ă©tait d’approximativement Rs 1.26 millions. Il s’agit de moins de 1% du total du budget du district pour le NREGS.

Pour davantage d’informations sur l’atelier, aller sur http://cuts-international.org/cart/event-Workshop-Social_Accountability_in_India.htm.

Pour davantage d’informations, contacter Om Prakash Ary [email protected].

 


ConfĂ©rence vers une agriculture durable: le chemin vers l’avenir au Radjahstan

Le Budget Analysis Rajasthan Centre (BARC) reçoit actuellement des travaux et rĂ©sumĂ©s pour ĂŞtre prĂ©sentĂ©s lors de la confĂ©rence Towards Sustainable Agriculture: The Way Forward in Rajasthan. La confĂ©rence veut rĂ©unir des chercheurs, des Ă©conomistes, des activistes sociaux et des agriculteurs pour discuter de la situation actuelle de l’agriculture au Radjahstan. Le BARC espère que la confĂ©rence guide le dĂ©veloppement de politiques efficaces vers l’agriculture durable. Les thèmes pour la remise de travaux et rĂ©sumĂ©s sont:

  • le rĂ´le de l’agriculture dans l’Ă©conomie du Radjahstan;
  • apports Ă  l’agriculture (Ă©nergie, eau, graines, fertilisants et  terre);
  • institutions de l’agriculture;
  • agriculture et commerce;
  • agriculture et marketing;
  • infrastructure agricole;
  • agriculture et secteurs alliĂ©s (pĂŞche, Ă©levage, volaille et apiculture);
  • agriculture et changement climatique;
  • femmes et agriculteurs; et
  • politiques agricoles.

Veuillez envoyer vos travaux et rĂ©sumĂ©s Ă  [email protected], ou les envoyer Ă  Coordinateur,  BARC, P-1, Tilak Marg, C-Scheme, Jaipur, Rajasthan 302005. La date limite est fixĂ©e au 20 juin 2010.

 


Bulletin de “Publish What You Fund”

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