Balancing Act : Un outil en ligne pour identifier les priorités budgétaires du public

Dec 13, 2016 | Budget Transparency, Citizen participation | 0 comments

Par <a href="https://archive.internationalbudget.org" target="_blank">International Budget Partnership</a>

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Engaged Public est un cabinet conseil basé aux États-Unis qui se spécialise dans la promotion de la participation des citoyens aux politiques publics, y compris les budgets gouvernementaux. Leur outil en ligne Balancing Act  a été mis au point pour enseigner aux citoyens comment fonctionnent les budgets et pour recenser leurs commentaires sur les priorités budgétaires. Récemment, Engaged Public a commencé à travailler avec des gouvernements et la société civile à l’extérieur des États-Unis pour tester l’outil.

Même si l’IBP ne cautionne aucun outil ou approche spécifique, nous nous intéressons en permanence aux nouvelles façons de rendre les budgets plus ouverts et plus accessibles. Nous avons récemment discuté avec Brenda Morrison de Engaged Public sur Balancing Act et son leur travail d’adaptation de l’outil aux différents contextes nationaux.


IBP : Une partie de votre travail consiste à tenter d’impliquer davantage le public dans les budgets gouvernementaux et vous avez créé Balancing Act. Pouvez-nous nous dire comment cela fonctionne ?

Brenda Morrison : Balancing Act est un outil de budgétisation interactif en ligne qui donne aux citoyens et aux gouvernements une chance de collaborer plus étroitement à l’un des plus importants ensemble de décisions que le gouvernement prend, à savoir le budget. Bien que la plupart des entités gouvernementales aux États-Unis soient tenues d’organiser une sorte de réunion publique sur le budget, la participation à ces évènements reste faible et les propositions budgétaires sont présentées dans un format inaccessible et ennuyeux.

Aux États-Unis, les gens sont habitués à obtenir et à interagir avec des informations en utilisant un téléphone intelligent, il est donc impératif que le gouvernement intègre des outils équivalents qui favorisent la redevabilité en assurant la transparence et en impliquant le public. Balancing Act est un outil qui permet d’atteindre l’ensemble de ces trois objectifs.

À la base, l’outil fait la promotion de la participation du gouvernement et des citoyens. Les gouvernements peuvent facilement identifier les priorités budgétaires des administrés en analysant des données lisibles par machine capturées par l’outil, tandis que les citoyens et les OSC peuvent utiliser Balancing Act pour s’informer des politiques budgétaires proposées et plaider pour des changements.

IBP : Un certains nombre d’administrations municipales ont adopté l’outil aux États-Unis. Quelle a été la réponse du public dans ces villes ? Comment ont réagi les décideurs politiques ?

Brenda Morrison : Le public et les décideurs politiques ont réagi de manière positive. La ville de San Antonio l’a utilisé pour la deuxième année consécutive, et l’a même intégré dans son très solide projet budgétaire appelé Speak Up San Antonio . La maire de Nashville, Megan Barry, a annoncé la mise en place de Balancing Act sur sa page Facebook et dans les 24 heures qui ont suivi, il y avait déjà 1 200 utilisateurs sur le site. Puis ici au Colorado, deux groupes de défense de l’éducation – K-12 – ont homologué l’outil afin d’améliorer la sensibilisation et d’éduquer le public sur la situation du financement de l’éducation au Colorado.

IBP : Vous pilotez actuellement l’outil dans un certain nombre de pays en développement. Travaillez-vous principalement avec la société civile, les gouvernements ou les deux ? Pouvez-vous nous parler des réactions qui ont eu lieu ?

Brenda Morrison : En partenariat avec le Financial Services Volunteer Corp (FSVC), un collègue et moi-même avons testé Balancing Act en Tunisie et en Jordanie. Nous avons collaboré avec les gouvernements nationaux et locaux et avec des représentants d’organisations de la société civile, telles que Partners Jordan.

En Tunisie, nous avons constaté que les gouvernements municipaux étaient ouverts à l’apprentissage de la manière d’intégrer les OSC et d’autres dans le processus de développement des budgets. Tandis qu’en Jordanie, nous avons démontré comment un outil en ligne tel que Balancing Act pouvait être intégré dans un plan annuel afin que les OSC puissent régulièrement contribuer au Budget des citoyens.

IBP : L’Enquête sur le budget ouvert 2015 a classé les États-Unis parmi les pays les plus performants en matière de transparence des finances publiques. Dans de nombreux pays, beaucoup moins d’informations budgétaires sont disponibles dans le domaine public et le manque d’accès aux données désagrégées pose un problème particulier. La transparence budgétaire a-t-elle été une contrainte pour votre travail ?

Brenda Morrison : Oui. Il y a deux défis à relever. Le premier consiste à obtenir le budget et le deuxième porte sur l’exactitude des chiffres. Aux États-Unis, les données budgétaires sont facilement disponibles à tous les niveaux du gouvernement, même si elles ne sont pas présentées de manière accessible et facile à utiliser. En outre, en règle générale, nous ne discutons pas de l’exactitude des chiffres. Dans certains pays, nous sommes parfois sceptiques quant à savoir si le gouvernement présente un budget précis.

Cependant, aux États-Unis et dans les pays où nous avons travaillé jusqu’ici, nous avons constaté que souvent, les gens ne se soucient pas du budget jusqu’à ce qu’ils comprennent comment il les affecte directement. Malheureusement, bien souvent ils ne disposent pas d’informations suffisantes pour traiter la situation de façon significative. Bien que ce soit un objectif élevé, nous espérons que notre outil motivera et permettra à davantage de citoyens d’être informés de la façon dont leur gouvernement collecte et alloue des ressources. 

IBP : L’intitulé « Balancing Act » pourrait signifier qu’il s’agit d’équilibrer des priorités concurrentes avec des ressources limitées, ou pourrait être considéré comme faisant allusion à l’idée d’un budget équilibré. D’après votre expérience, les citoyens tendent-ils à équilibrer le budget en utilisant l’outil ? Discutez-vous du déficit budgétaire lorsque vous présentez l’outil au public ?

Brenda Morrison : Nous en discutons lors de la présentation de l’outil, car la plupart d’entre nous ont du mal à comprendre l’énormité du déficit. Les utilisateurs essaient d’équilibrer le budget, mais découvrent rapidement les défis auxquels font face nos législateurs. Beaucoup de gens sont surpris du fait que les véritables moteurs du budget fédéral des États-Unis sont la sécurité sociale et les soins de santé (à la fois Medicaid et Medicare), et non pas certains des éléments budgétaires qui sont souvent mis en évidence par les élus.

Ce qui est gratifiant pour nous, c’est que chaque jour nous voyons qu’une université ou une classe de lycée utilise la version fédérale du Balancing Act pour éduquer les étudiants sur notre gouvernement. Un professeur d’éducation civique au lycée de l’État de New York a même créé un plan de cours axé sur le Balancing Act   pour enseigner le budget fédéral.

A group of students using Balancing Act. Credit: Engaged Public
A group of students using Balancing Act. Credit: Engaged Public

IBP : Mais le déficit est une question politiquement contestée aux États-Unis, et il est facile de présenter l’information de manière à favoriser un point de vue particulier. Vous avez travaillé avec le Bipartisan Policy Centre pour modéliser le budget fédéral des États-Unis, mais comment allez-vous aborder ces questions dans d’autres pays ? En particulier, qui peut décider des ajustements à l’outil ? Les gouvernements ? La société civile ? Un mélange des deux ?

Brenda Morrison : Bonne question. Dans certaines circonstances, il pourrait être très bénéfique pour une OSC et un gouvernement de parrainer conjointement le Balancing Act. Le gouvernement fournit les données, travaille avec les OSC sur le descriptif, et l’OSC diffuse les informations aux citoyens via leurs réseaux. Cela pourrait être un gain pour le gouvernement et les OSC.

Je peux également immaginer un scénario dans lequel le gouvernement appuiera les efforts d’une OSC pour utiliser le Balancing Act, mais choisira de travailler dans les coulisses. Si les données sont correctes, ce scénario est totalement plausible.

IBP : Pew Research a révélé que dès 2015, plus de 80 pour cent des Américains avaient accès à l’Internet. Dans de nombreux pays en développement, un pourcentage beaucoup plus faible de personnes est en ligne et une quantité disproportionnée de personnes pauvres n’est pas du bon côté de la fracture numérique. Compte tenu de l’importance d’impliquer les communautés pauvres et marginalisées dans les budgets gouvernementaux, existe-t-il un risque que l’outil puisse empêcher les gens de participer à la discussion ? Avez-vous constaté que c’est une préoccupation parmi les gouvernements et les OSC auxquels vous avez parlé ?

Brenda Morrison : Bien sûr, cela demeure toujours une préoccupation. Engaged Public est spécialisé dans la réduction des écarts entre les politiques et les personnes et croit toujours qu’il n’y a pas de substitut à une interaction en face-à-face de qualité. Nous sommes heureux de former des représentants des OSC à une facilitation budgétaire efficace sans utiliser de technologie.

Toutefois, ce trimestre, nous publierons un module intitulé « Mode de réunion » [Meeting Mode], qui permettra d’utiliser le Balancing Act comme outil de facilitation pour des discussions structurées sur le budget. Le module « Meeting Mode » permettra aux promoteurs d’événements de sélectionner les domaines budgétaires sur lesquels le groupe devra de concentrer, puis à afficher sur un écran spécial du facilitateur toutes les réponses en temps réel. Les responsables du budget, les élus et les autres membres du personnel peuvent immédiatement voir les résultats et peuvent les utiliser pour une conversation mutuelle sur des points précis.

Avec Balancing Act, notre objectif est de rendre les budgets accessibles afin que les gens puissent les comprendre, interagir avec eux, et, finalement, les soutenir. L’application fait un excellent travail pour les personnes ; mais le module Meeting Mode sera utile dans les types d’environnements – réunions municipales, séances de travail, audiences – où les décisions sont prises dans une démocratie.


Pour en savoir plus sur l’outil Balancing d’Engaged Public, veuillez cliquer ici.

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